Le Moyen âge à Gas
Au sein du vieux village les travaux de rénovation au 1 rue des portes et le creusement du tout à l’égout dans cette même rue ont révélé de nombreux vestiges des XIII et XIV èmes siècles. Des successions de niveaux de bois brûlés et de vaisselles cassées en grand nombre confirment les saccages faits aux alentours de Gallardon durant toutes les péripéties de la guerre de cent ans. Les poteries de cette époque recueillies sur la commune de Gas proviennent pour leur immense majorité des décaissements effectués au 1 rue des portes. Le creusement du réseau d’assainissement dans cette même rue a permis de mettre en évidence le fond d’une cave à la hauteur du campanile. Nous avons constaté cette présence après creusement sur des surfaces visibles sur le bord de la tranchée avant le comblement définitif. Il a été constaté un niveau de bois et de terres brulés dus à l’effondrement de la substruction sur le bord de la cave.
Un pichet de pâte claire se trouvait écrasé au fond de la cave. Situé en bordure de l’excavation, la majeure partie de celui-ci est partie avec les délais. Heureusement les tessons restants, après restauration, comportaient l’anse et une partie du col permettant une étude typologique et une datation estimée au XIV ème siècle.
Autres découvertes faites simultanément : un puits d’accès ou extraction, et le haut du cône d’effondrement d’une salle souterraine à peu près en face du 1 rue des portes. Cet ensemble fait partie d’un réseau de salles souterraines dit « souterrain refuge » dont la nature exacte et l’âge sont difficilement déterminable. Creusé dans la terre native et ce n’est pas une marnière, la couche utile étant plus profonde à cet endroit. L’âge des fragments de poteries dans le comblement du puits n° 2 peut faire penser que le réseau est antérieur au XIV ème siècle.
Le puits n°1 qui pourrait être un silo à grain creusé dans la terre native, a été dégagé seulement sur 2,70 m. Le dernier mètre du puits avait servi de dépotoir. Cela correspond au tassement naturel du comblement du puits. Le trou ainsi formé, a été comblé dans un premier temps par déchets divers et de la terre avant d’être définitivement bouché par un opercule de chaux évitant un affaissement ultérieur en empêchant les infiltrations d’eau. Les objets ainsi jetés ont permis de dater ce bouchage au XIII ème siècle (premiers vestiges juste sous le bouchon). Les couches plus profondes de remblai sous le bouchon n’ont révélées que des tessons d’origine antique en faible densité ce qui ne donne aucune idée de l’époque de creusement du puits. Le dépotoir a recelé de nombreux fragments de poteries dont deux pièces conséquentes : une demi oule à bandeau, et surtout une cloche à chaleur de quarante centimètres de diamètre qui permettait de conserver au chaud, les plats servis ; Une pointe de flèche en fer, du bois brûlé, d’autres éléments ferreux très oxydés, étaient mêlés aux tessons.
Le second puits à été dégagé sur toute sa profondeur, soit 9,50 m et est utilisé désormais comme tel. Il a été creusé au XIII ème siècle, n’a pas donné d’eau et a été très vite rebouché. La très faible épaisseur de dépôt au fond du en témoigne. Les poteries qui s’y trouvaient avaient subi le gel (hiver sans eau). La couche de marne tapissant le fond sur 1,70 m n’était que faiblement perméable comme nous avons pu le constater dans son usage actuel. Au plus profond de celui-ci de multiples fragments de verreries ont été recueillis. Incomplets, d’une extrême fragilité et souffrant de l’effritement dû à la maladie du verre, leur reconstitution a été fort délicate et est restée inachevée pour l’une des deux pièces de ces puzzles. A cette époque, seuls les nobles et les ecclésiastiques possédaient de la verrerie, ce qui nous porte à penser que le ou les bâtiments proches correspondaient aux annexes religieuses de l’église. Les deux pièces correspondent à deux lampes à huile, l’une à pieds, l’autre un modèle à suspendre. Ces objets étaient souvent utilisés pour veiller les morts de qualité. Les vingt cinq derniers centimètres de couches de dépôt ont recélé plusieurs fonds de oules à bandeau. Les neuf autres mètres de remblai ont été constitués en une fois et proviennent des abords du puits.
Voici un bref inventaire des plus intéressants vestiges découverts :
- deux monnaies antiques
- un bronze gaulois de la série des Pixtilos attribuable aux Aulerques Eburoviques de Dreux
- une sesterce de Postume,
- quelques tessons Gallo-romains,
- des fragments isolés de verrerie provenant de petites fioles côtelées (d’usage funéraire)
- les 2/3 d’un pichet légèrement glaçuré qui, émietté de -1 à -7 mètres, a pu être reconstitué,
- quatre morceaux de la cloche à chaleur trouvée dans le dépotoir du puits n° 1
Des éléments ferreux, de nombreux fragments de tuiles plates moyenâgeuses, quelques morceaux de tuiles à rebords gallo-romaines et du bois brûlé, formaient la plus grosse partie restante.
En surface, l’emplacement de l’actuelle terrasse qui couvre les deux puits, de la poterie, un fragment de peigne en os et un superbe et rare carreau de terre cuite vernissé à motif d’une paire d’oiseaux ont été recueillis. Ce type de carreau ne pouvait, à cette époque, provenir d’un habitat noble ou ecclésiastique. La proximité de l’église peut nous orienter. De plus de nombreux indices, nous portent à croire que les annexes religieuses lièes à l’église se situaient sur ce terrain comme nous l’ont montré les sous-sols de la maison.
Une intéressante monnaie, découverte isolément dans le sol remanié du 1 rue des portes, nous rappelle les vicissitudes de la guerre de cent ans. Il s’agit d’une monnaie de Jean sans peur, Duc de Bourgogne de 1404 à 1419, contemporaine de la bataille d’Azincourt en 1415. Une lourde défaite de la noblesse française où le seigneur de Gallardon (le comte d’Alençon) mourut les armes à la main après avoir occi le Duc d’York. Percée d’un trou, cette monnaie a dû être portée anciennement en pendentif.